Tête du Rouget : Directe 76 et emmerdes à Albert 1er
Les courses en montagne ne sont pas toujours « un long fleuve tranquille » et parfois la variance frappe, comprendre : les coups de pas-de-chance. Le problème est qu’il existe une loi, loi de Murphy, qui énonce : » Tout ce qui peut mal tourner, va mal tourner ». Si on cumule les deux, on obtient des jours ou justement « ce n’est pas le jour » et ou on collectionne les emmerdes les unes après les autres (désolé pour l’expression mais c’est le mot approprié pour le contexte 🙂 ). Mise en application.
Dimanche 21 juillet : Il est 11h du soir et nous installons le bivouac sur le parking avec Jean. Notre objectif est de passer 4 jours dans les Écrins avec de beaux enchaînements (Directe 76 > Pilier de la Sérénité > Traversée des Arêtes aux Bancs > Voie Giraud, …). Bref un beau programme, nickel, qui pourrait être rédigé sur papier glacé. La seule ombre au tableau serait les potentiels orages d’été … Météo à surveiller donc.
Lundi 22 juillet : 6h du matin nous attaquons la marche d’approche pour la voie Directe 76 à la Tête du Rouget. C’est long, super long et les sentes sont souvent inexistantes – il doit y avoir autant de traces que de cordées passées dans le secteur. En montant, Jean repère un magnifique rocher ou nous pourrions bivouaquer en cas d’orage : tout s’annonce donc pour le mieux.
14h nous sommes au sommet : au début on a été surpris par le granit « un peu péteux » … du style à tirer sur une prise et à voir un rocher de la taille d’une boite aux lettres commencer à se détacher de la paroi. Ooouuuu … Parfois il y a même des « frigos » en équilibre … Mais le sommet est magnifique, en immersion totale au milieu des Écrins (Vidéo de l’ambiance ici).
Commence alors la descente … et l’aventure ! Après quelques longueurs en rappel et en désescalade, nous nous engageons dans la brèche du Rouget, couloir bien péteux ou les débris de chutes de pierre tapissent le fond de la goulotte. En descendant le goulet, Jean fait partir un énorme bloc qui tombe en emmenant plusieurs de ses copains dans un monstre fracas ! Bilan provisoire : un pied amoché pour Jean avec un bleu style œuf de pigeon et une grosse frayeur.
Quelques minutes plus tard, en tirant un rappel, des pierres chutent sur l’amas de corde qui traîne plus bas. Jean (encore lui !) descend et se rend compte qu’une des cordes vient d’être sectionné nette. Bilan provisoire n°2 : un pied amoché + une corde perdue. Heureusement c’était l’avant dernier rappel et nous pouvons rejoindre le pied de la voie sans trop d’encombres. Le temps de récupérer nos affaires, un orage claque au dessus de nous. Gore Tex ou pas, y’a rien a faire, c’est la douche comme si on y était.
Nous faisons le bilan : une corde coupée + un pied douloureux + affaires trempées + orage qui trempe la voie du lendemain. C’est donc le retour à Annecy, avec 1500 mètre de D- à descendre, sur un terrain glissant, sous une pluie orageuse 🙁 … Adieu les 3 autres courses prévues … ça maronne un peu dans la voiture mais nous espérons du mieux pour la suite de la semaine. Les innocents !
Mardi 23 juillet : Journée de transition, nous gagnons le massif du Mont Blanc et montons au refuge Albert 1er. Notre objectif est de passer 4 jours dans le massif avec de beaux enchaînements (Éperon Migot > Traversée des Aiguilles dorées > Aiguille de la Varappe). Mais l’histoire va se répéter !
Mercredi 24 juillet : Lever 3h. Dehors c’est l’orage … la météo disait temps incertain. On a joué, on a perdu. A 4h, on check à nouveau la météo et c’est alors une pluie chaude. Bilan : la course n’est pas possible, nous prévoyons de glander une journée au refuge. Pendant la journée nous nous rendons compte que les clefs de voiture ont disparu. Il a fallu se taper une descente au parking puis une remontée pour se rendre compte que le trousseau était encore au refuge. Rhaaaaaaa … Mais nous nous rassurons, la météo de la nuit s’annonce plutôt bonne. Les innocents, le retour !
Jeudi 25 juillet : Lever 3h. Le ciel est gris, plafond nuageux bas… on décide d’y aller en espérant que ça se dégage assez vite. On trace sur le glacier en direction de l’attaque de l’Éperon … derrière nous les frontales des autres cordées nous suivent ou partent pour l’Aiguille du Tour. Plus on avance plus nous nous retrouvons dans la poisse jusqu’à ne plus rien voir à 15m. S’ensuit alors un tâtonnement aux pieds des couloirs, barres rocheuses et séracs sans savoir lequel est le bon. 6h du matin, nous nous rendons à l’évidence : les nuages ne se sont pas levés, nous n’avons pas trouvé le départ, l’horaire est déjà entamée … c’est la loose mon frère ! Devant autant de « malchance » nous décidons d’arrêter les frais et de descendre dans la vallée.
4 jours. Une course finie (seulement) et un paquet de plan loose. Y’a des jours avec et des jours sans ! Mais là on eu l’impression de les collectionner. Bien sûr, nous sommes reconnaissant de pas avoir été blessés ou que rien de grave ne soit arrivé … juste du temps et de l’énergie perdus.
Finalement c’est Fred qui me sauvera la semaine en m’invitant à une Traversée de la Meije, vendredi + samedi. Juste le temps pour moi de rentrer, refaire le sac et repartir pour les Ecrins -> Prochain article !
emmerde ???
trop beau.. mais ça
ah !! la Montagne est pleine de surprise?
mais Magnifique!!!!!