Aiguille des Pélerins : Rébuffat – Terray
Pour cette fin d’automne, la perspective de grandes goulottes glacées en face nord est plus que motivante. Aussi quand Fred me propose la Rebuffat-Terray « parce qu’elle est sortie sur Camp to camp » je n’ai pu qu’acquiescer. La Rebuffat-Terray, c’est 550m de longueurs encaissées qui ne voient jamais le soleil ou l’on rencontre de la neige, de la glace, du granit et souvent les trois à la fois dans des proportions variables – d’ou l’appellation « mixte ».
Départ à 5h du matin depuis le refuge du Plan de l’Aiguille, il nous faudra ensuite deux heures pour nous retrouver à l’attaque de la voie. A la lueur de la frontale Fred me laisse partir en premier dans les grandes pentes de neige. « Banzai » … je pars à pleine balle avec la sensation de « Faire de la VRAIE montagne » – je débranche le cerveau, trouve le rythme de montée et pense qu’un jour on m’appellera « The French Machine* » … ou pas :p
Les pentes se raidissent et de la glace inconsistante apparaît de temps en temps. Toujours en corde tendue nous franchissons le premier ressaut sans même nous en rendre compte (C’est à la descente que Fred me dira – Ah ouais on était motivé de faire ça en corde tendue – hum :/ … ). A la sortie du ressaut j’oublie de lire le topo et continue « Dré dans l’pentu » (dans le sens de la montée, hein !) au lieu de prendre un petit goulet à droite. Au bout d’un moment nous nous rendons compte de notre erreur … j’essaie de persévérer et m’obstine mais c’est peine perdue – tirer une longueur horizontale dans de la glace-givre plaquée n’est plus possible. Fred propose de tirer un rappel pendulaire pour rejoindre la vraie goulotte – ce qui, au final, aura été une très bonne idée.
Finalement nous perdons deux heures sur l’horaire et deux autres cordées, parties derrière nous nous rejoignent … pour pas très longtemps car loin devant nous un apparaît un dièdre avec un énorme bouchon de neige au sommet … Pensant qu’il s’agissait du crux de la voie et qu’il serait impossible de le passer, les 4 gars décident de rentrer (au final il s’avérera que ce dièdre ne faisait pas parti de l’itinéraire) … Avec Fred nous n’hésitons pas trop et décidons de continuer – « C’est au pied du mur que l’on voit mieux le mur. » Notre persévérance paiera – les longueurs suivantes s’enchaînent rapidement même si la qualité de la glace ne permet pas de mettre des protections efficaces – les broches à glace dans le givre c’est moyen !
En tête, je passe un dièdre un peu poilu qui m’oblige à faire des mouvement de grand écart sur des fins plaquages de glace. Miam … mais quand Fred me rejoint au relais de sortie c’est l’euphorie … le crux (crux = passage le plus difficile d’une voie) est visible et il semble y avoir un filet de glace tout le long. La perspective de la sortie au sommet nous semble alors acquise – ça fait déjà 9 heure que nous sommes dans la voie – et l’excitation nous gagne … Le passage du crux se révélera un peu tricky , surtout que les bras ont déjà bien donné. Je passerai encore 10 minutes à faire le ménage pour nettoyer la corniche et Fred me rejoindra au sommet tout sourire. Il est 16h.
Les 11 rappels de descente furent interminables (corde coincée, plantage de pitons car relais loupé …) et nous rejoindront finalement le refuge vers 20h.
*Ueli Steck est un alpiniste suisse, surnommé « The Swiss Machine » est notamment connu pour ses ascensions en solitaire et ses records de vitesse.
trop classe les gars BRAVO
Bravo pour l’engagement Philippe. Tu as survolé la course du début à la fin.
A bientôt.
Fred.
bravo les ga 🙂 !!