Philippe Duhamel - Guide de haute montagne | Ce coin de paradis qu’est le Verdon …

Depuis novembre 2014 j’ai ~~très~~ trop peu de séances de grimpe à mon actif : les entraînements de ski pour le proba en décembre avaient pris le dessus et ma fracture à la main en février avait définitivement enterré mes ascensions sur du rocher vertical (voir déversant !). Autant dire que la reprise printanière fût comme une chute lors d’un retour au sol : bien bien dure … et pour le physique et pour le mental ! C’est donc mou du genou (enfin, surtout des bras !) que j’ai fui la Haute Savoie – et sa météo foireuse – pour un trip Verdon de 3 jours avec Sylvain.

Y’a pas à tortiller du croupion, le Verdon c’est un paradis de grimpe sur calcaire ! Les approches sont courtes, le choix des voies est monstrueux, le bar est à 15 minutes, le rocher est joli et chaud … et puis l’ambiance « plein gaz » est terrible. Par contre si tu choisis mal ta voie, tu te transformes vite en « morceau de beurre dans un micro onde » 🙂 Je raconte pas l’odeur des chaussons au retour … Bref, pour une première visite on a grimpé plusieurs classiques :

La Demande : LA classique du coin. Qui dit « classique » dit « prises patinées » et apparemment on a pas été les seuls à transpirer dans certains passages. Les passages dans les cheminées sont bien comme il faut pour te challenger un peu, voir plus s’il n’y pas pas d’affinités.
Afin que nul ne meure : une jolie petite grande voie de 5 longueurs.
La dérobée : on a fait les 4 dernières longueurs uniquement. Y’avait un vent de malade, un truc à mettre ta corde de rappel à l’horizontale et à la coincer dans un pin teigneux.
Les 2 doigts dans le nez : LA grimpe du weekend ! Rien n’est à jeter dans cette voie. En plus les prises sont en papier de verre 🙂 Pas de patine (ouverte en 2009), après La demande faite 2 jours plus tôt, on a été ravis de serrer de vraies prises. Des pas de dalles, des passages sur gouttes d’eau, des prises bi-doigts, des mouvements athlétiques sur gros bacs, des traversée qui en jettent … c’est vraiment une voie majeure dans ce niveau. Bref, dernière voie de notre court trip Verdon, elle aura été certainement la plus belle. On a été conquis.

L’anecdote (du stagiaire) du weekend : En tirant les rappels le premier jour pour rejoindre le pied de la voie, on voit une relais sur chaîne. Ne prenant pas la peine de vérifier le topo exactement je balance la corde et me lance dans la descente. Je passe un premier surplomb et me retrouve les pieds dans le vide. « Rappel en fil d’araignée, gros ! Trop stylé le Verdon ! »
20 mètres plus bas je regarde le bout de la corde et me rend compte qu’elle pendouille dans le vide, loin, très loin de la falaise. Et comme un blaireau je suis suspendu à mon baudrier, les pieds dans le vide … @#?%& j’aurais dû vérifier plus tôt … Je n’ai donc aucun échappatoire par le bas et un pendule n’est pas envisageable. Bien sûr, Sylvain resté plus haut ne m’entend pas à cause du surplomb et ne pourrait pas me hisser …
Grosse chance du siècle, hasard joueur ou clin d’oeil divin c’est moi qui ai le sac sur le dos …. avec du ficelou salvateur ! Je bricole deux machards et improvise une technique de remontée sur corde (un machard pour la pédale et un autre pour assurer au pontet). Bien sur, je pense aux livres de techniques dans ma bibliothèque qui décrivent ces méthodes et à moi qui les ai lus mais n’est jamais pris le temps de m’y entraîner … ben improviser 20 mètres de remontée sur corde, les pieds dans le vide, dans une ambiance « verdonesque », sans jumar, avec un surplomb à passer, ce fut long. Conclusion de cette « fessée psychologique » : les manip de corde ça se révise (au même titre que la recherche de victime d’avalanche en début d’hiver).