Barre Noire : Pilier Sud
« Au fait, c’est toi qui a pris la corde, hein ? »… A quelques kilomètres du tunnel du Fréjus j’ai eu envie d’aller me pendre. Mais bon, avec quoi ? Je venais d’oublier la corde à Annecy et il était trop tard pour faire demi tour.
Vas y pour trouver une corde à Briançon un dimanche soir ! Du coup, lundi matin, journée tranquillou-pépère : achat de corde et grimpe au soleil sur le granit d’Ailefroide. Je ne connaissais pas le site et j’ai compris pourquoi Jean m’en avais dit que du bien quelques semaines auparavant.
Programme du lendemain, Barre Noire par le pilier Sud.
Sur les conseils de Jean et Pierre, on décide de dormir au parking du pré de Madame Carle. Les emplacements de bivouac permettent de gagner 1 heure mais ce qu’on gagne en bivouaquant on le perd en portant le matos de bivi dans la voie.
2h30 pour l’approche. L’attaque de la voie est archi-sèche : 0 traces de neige dans les premiers gradins et les petits filets d’eau pour remplir la gourde sont rares. On part en corde tendue dedans avec un bon rythme. Les premiers passages de IV- ne sont pas extrêmes mais la qualité du rocher fait qu’on teste les prises avant de poser le pied dessus.
La tête dans le guidon, je loupe la « terrasse sur le fil du pilier » nous obligeant à une petite désescalade avant de rejoindre le fameux « dièdre gris-jaune très fourni en fissures de toutes tailles » ou Xavier reprend la tête (un piton).
La suite dans les dalles chemine bien ainsi que le contournement du gendarme puis l’escalade jusqu’à la brèche. L’escalade n’est jamais très soutenue mais certains passages demande de s’appliquer et de prendre un peu sur soi. Surtout en grosse 🙂
Florilège des échanges : « Bon tu fais gaffe là » – « Attention c’est un peu tricky le move ici » – « Ils étaient motivés les anciens pour passer ici » – « Garde bien la corde tendue ça grimpe un peu là » – « Ouh le réta’ au dessus du piton » …
La voie devenant plus raide de façon ostensible dans le dernier ressaut, on quitte les grosses pour les chaussons d’escalade. L’escalade sur le fil du pilier est magique :le rocher est chaud, ensoleillé et le petit vent renforce l’aspect aérien des longueurs.
On passe les multiples spits, témoins de secours dans la voie, pour se retrouver au niveau de la fameuse « dalle rougeâtre ». Sans le topo, je n’aurais jamais eu l’idée de me lancer dedans car visuellement la sortie semble déboucher sur … rien ! Naturellement on choisit de prendre la sortie directe en bon rocher (4-5 pitons) pour se retrouver ensuite l’arête esthétique d’ou le sommet nous tend les bras.
5h30 depuis l’attaque, quasi tout en corde tendue. On aura pas eu l’impression de tortiller du boule dans la voie. C’est vraiment une jolie course, le cheminement est pas tout le temps évident et il faut trouver l’itinéraire. Le cailloux est plutôt compact mais dans certaines sections, certains (gros) pavés restent dans les mains !
Descente par la Voie Normale du Dôme des Ecrins ou certaines crevasses commencent à bien s’ouvrir, pour arriver au parking 2h30 plus tard.
Super! Je connais bien le pré de Madame Carle, J’y suis aller un paquet de fois pour me rendre au glacier blanc et au glacier noir.
Bravo! encore pour cet exploit!